Résultats généraux
L’effectif suivi est constitué des travailleurs ayant porté au moins un dosimètre à lecture différée dans l’année, à l’exception des personnels naviguants de l’aviation civile dont l’exposition est estimée par calcul à l’aide du système SievertPN. La dose individuelle moyenne est calculée sur l’effectif exposé (travailleurs ayant reçu une dose supérieure au seuil d’enregistrement des dosimètres). Elle tient compte des différentes composantes de rayonnements ionisants (gamma, bêta, neutrons).
L’effectif suivi et la dose individuelle moyenne ont tendance à augmenter sur la période 2015-2022, à l’exception de 2020 et 2022. En 2023, l’effectif suivi diminue, alors que la dose individuelle moyenne augmente. La baisse de l’effectif suivi en 2023 s’explique par le non-enregistrement de travailleurs dans le nouveau portail SISERI par certains établissements du domaine des activités médicales, dentaires et vétérinaires dont un grand nombre de travailleurs ne sont pas classés (près du tiers de l’effectif suivi du domaine). Les raisons de ce non-enregistrement sont du fait des dispositions et mesures prises lors de la refonte de SISERI, sur la base de l’article R. 4451-66 du code du travail qui indique que seule la surveillance dosimétrique individuelle (SDI) des travailleurs « exposés » au sens réglementaire doivent désormais figurer dans SISERI. La hausse de la dose individuelle moyenne en 2023 a pour origine principale l’augmentation de l’exposition des travailleurs du domaine de l’industrie non nucléaire et celui du nucléaire (visites décennales, phénomène de corrosion sous contrainte, etc.). Elle reste cependant inférieure à celle des années qui ont précédé la COVID 19. La part de l’effectif exposé est relativement stable depuis 2018.
En termes d’effectif suivi, le domaine des activités médicales, dentaires et vétérinaires reste le plus important, suivi de l’industrie nucléaire qui représente environ un quart des effectifs. Les domaines du nucléaire et celui de la radioactivité naturelle présentent les valeurs de doses individuelles moyennes les plus élevées sur la période 2015-2022. En 2023, c’est le domaine de l’industrie non nucléaire qui présente la dose individuelle moyenne la plus élevée.
Le nombre de travailleurs faisant l’objet d’une surveillance dosimétrique du cristallin est en baisse en 2023, alors qu’il semblait se stabiliser en 2022 et était en progression depuis 2015 (à l’exception de 2020). La dose individuelle moyenne est en baisse en 2023. Elle était relativement stable depuis 2017. L’analyse de la répartition des effectifs par classe de dose montre que la majorité des travailleurs n’a enregistré aucune dose.
Si plus des trois quarts des effectifs suivis pour la dosimétrie du cristallin appartiennent au domaine médical, le secteur avec la dose individuelle moyenne la plus élevée varie d’une année à l’autre. La part des travailleurs ayant une dose annuelle supérieure au seuil d’enregistrement est majoritaire dans les domaines du nucléaire et de l’industrie non nucléaire.
L’effectif suivi pour une exposition des extrémités est en baisse en 2023. Cet effectif était relativement stable sur la période 2015-2022. Le nombre de travailleurs bénéficiant d’une dosimétrie par bague a également baissé en 2023, alors qu’il s’était globalement stabilisé depuis 2018.
Pour la dosimétrie des extrémités (bague et poignet) ou la dosimétrie par bague, la dose totale est en hausse en 2023. Elle était stable entre 2021 et 2022.
Le nombre total d’analyses réalisées dans le cadre de la surveillance de routine ou de la surveillance spéciale augmente légèrement entre 2021 et 2023, alors qu’il avait tendance à diminuer sur la période 2015-2020. Pour la surveillance de routine, le nombre de travailleurs présentant un résultat positif augmente sur la période 2015-2018, diminue jusqu’en 2021 et ré-augmente en 2022 et 2023. L’évolution de ces indicateurs en ce qui concerne la surveillance spéciale (mise en place pour quantifier des expositions significatives suite à un événement anormal réel ou suspecté) est par essence fluctuante d’une année sur l’autre.
Que ce soit pour les examens anthroporadiométriques ou les analyses radiotoxicologiques, la très grande majorité des analyses concerne le domaine nucléaire.
Le nombre de travailleurs identifiés comme ayant fait l’objet d’un calcul de dose engagée est en hausse par rapport aux années antérieures (sauf en 2020). Les valeurs de doses engagées sont généralement faibles, à l’exception d’une valeur supérieure à la limite réglementaire observée en 2020 (21,3 mSv : estimée pour un travailleur du secteur de la fabrication du combustible) et d’une valeur proche de la limite réglementaire en 2016 (19,6 mSv : estimée pour un prestataire du nucléaire). La valeur maximale de dose engagée en 2023 est de 3,9 mSv pour un travailleur du secteur de la logistique et maintenance du domaine nucléaire.
Lorsque le dépassement d’une des limites réglementaires de dose est signalé, selon les dispositions réglementaires en vigueur, le médecin du travail (MDT) doit diligenter une enquête et statuer quant au maintien ou non de la valeur. Les données présentées ici prennent en compte les conclusions du MDT le cas échéant.
En 2023, 6 dépassements de la limite réglementaire de 20 mSv pour la dose efficace associé à une exposition externe, 3 dépassements de la limite de dose à la peau, 1 dépassement de la limite de dose aux extrémités et 1 dépassement de la limite de dose au cristallin ont été enregistrés.
Les événements de radioprotection recensés par l’IRSN concernent les événements déclarés à l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) dont l’IRSN est destinataire d’une copie, ainsi que les événements non déclarés dont l’IRSN a connaissance et qu’il considère comme des signaux intéressants pour la radioprotection. Certains de ces événements font l’objet d’une expertise de l’IRSN.
Aucune évolution significative du nombre total d’événements n’a été observée ces dernières années. Le domaine nucléaire affiche le nombre d’événements le plus élevé.